“FABRIZIO RUFFO RIVOLUZIONE E CONTRORIVOLUZIONE DI NAPOLI” scritto da Barone Von HELFERT Vol. Terzo (IX)

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Ma bien chère fille, ce sera le malheureux Barco qui aura l’honneur de vous apporter cette lettre, je n’ai pu la lui refuser, avant femme et enfants. Il s’est conduit comme soldat avec courage et honneur, tout le reste j’ai été trop éloignée occupée pour en juger. Le Roi votre père dans les présentes circonstances doit restreindre ses dépenses, n’avant plus les moyens. Barco, Adjutant de’ Mack, dont le nom fera pour un siècle au moins tressaillir tout sujet des Deux Siciles, n’aurait pas été toléré en Sicile d’ailleurs; il a été avec Championnet longtemps à Naples, et ce n’est qu’au départ du scélérat Moliterno pour Paris, avec lequel il était lié, qu’il est venu ici. Tout cela a fait que le Roi ne l’a voulu ni à son service ni permettre de’ se montrer à Palerme; malgré cela, c’est un homme perdu avec femme enfants, je le recommande à votre charité et bonté, mais dois dire la vérité pour ne point tromper. J’espère que votre chère santé est bonne. D’être depuis novembre sans vos nouvelles est cruel, Dieu sait quand celle-ci vous arrivera; je me borne donc à vous recommander le porteur de’ celle-ci, d’avoir pour lui et sa famille miséricorde. Adieu, croyez moi pour la vie votre bien attachée Mère et Amie.
Palerme le 15 Mars 1799.
CHARLOTTE.
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(L’impératrice Teresa a sua madré; copia di mano dell’imperatrice).
Le 4 Mars.
Je me réserve à écrire par ce moyen ce qui m’est le plus à cœur, celui de’ vous consoler, adorable Mère, autant que je peux. Gallo vous écrira bien mieux que moi tout ce qui regarde affaire, cette matière, moi je souhaiterais pouvoir vous dire ce que mon cœur voudrait, que demain je puisse remettre mon Père dans tous ses États bien et content comme avant; mais cela n’étant possible, ce que je peux vous assurer est que mon cher mari ne peut faire la paix avec ces Gueux stabile, ainsi la guerre est sûre inévitable, la mauvaise saison neiges ont empêché jusqu’à présent à agir, mais cela va finir, il fait marcher nombre de’ troupes en Italie où il aura près de’ 120000 hommes; il compte dès qu’il peut agir avec toutes ses forces en cette partie et, débarrassé un peu en haut, aider mon cher Père, le délivrer et remettre dans mon cher Naples. Si cela ne va de’ cette manière il est fermement décidé d’autre à aider mon cher Père, ne pouvant laisser à part le cœur sang tendresse filiale, laisser les états de Naples révolutionnés. Je souhaite ardemment que cela ce fasse bientôt, que les Russes qui viennent commencent en attendant à imposer aux Français. Je ne peux vous dire, chère Maman, en quelle peine je suis; j’espère en Dieu qu’il bénira nos opérations, pour pouvoir ensuite délivrer Naples et de’ concert avec mon cher Père toute la pauvre Italie. Je ne peux comprendre la conduite de Mack; nous n’avons aucune nouvelle de’ lui ni savons où il est; il faut pas le condamner; mais j’avoue d’être parti allé chez les Français, cela m’a frappée et rendu stupéfaite. La venue de Gallo ici a fait grand plaisir à mon cher mari, comme il le connaît bien et qu’il sait son zèle, attachement pour ses Souverains, il peut lui parler confidentiellement, et pour le service de’ mon cher Père c’est heureux qu’il soit ici; car je ne peux vous cacher, chère Maman, que depuis cette malheureuse affaire de’ Belmonte Thugut y a mis beaucoup de’ noir, et il s’est glissé un certain picque froid ici vers Naples qui me faisait bien de’ la peine. Cela même a empêché beaucoup qu’on aurait dit et fait dans les circostances présentes. Gallo ne peut changer Thugut, car c’est une pierre, mai avec son zèle, manière d’expliquer les choses, faits, qu’on n’a jamais voulu croire ici (comme celui de’ la nécessité où était mon cher Père d’attaquer) il est parvenu à adoucir les esprits et j’espère que tout se mettra au bien. Je suis aussi comme une mendiante auprès de’ mon cher mari, je ne l’ai jamais priée importunée pour rien, mais ce qui regarde l’existence bonheur de’ mes chers Parents m’est un devoir si sacré que je ne peux me taire. J’ai bien prévue ces malheurs, l’ai dit, on ne m’a voulu croire; enfin ceci a réussi, à présent il faut le réparer, et cela j’attends du cœur bon tendre, de’ la lovautà de’ mon cher mari qui sûrement le fera. A présent je ne peux me taire, chère Maman, sur un point qui m’est terriblement à cœur et qui m’òte tout le repos paix de l’âme. Je veux espérer en la Providence que tout se remette au bien, mais si malheureusement vous n’étes sûre en Sicile, ou bien point tranquille là, venez chère Maman chez nous, mon cher mari, moi nous vous en supplions. Votre précieuse personne, mon adorable Famille seront toujours reçu à bras ouverts, vous pouvez disposer, être ici Maîtresse, vivre pour vous comme vous ordonnez, si Vienne ne vous agrée (ce qui me déchirerait le cœur) toutes nos autres Provinces sont à vos ordres, là tranquillement attendre le sort qui j’espère sera heureux des années, et ensuite retourner tous contents dans notre bien aimée Naples. Moi ici je serai à vos ordres sans vous gêner; quand vous nous voudrez voir cela nous sera une grâce, mais ni nous vouloir vous secquer, ni Dieu préserve que vous croyiez nous être à charge. Si puis, chère Maman, peut-être vous vouliez envoyer mes bien chères Soeurs ici, mon cher mari à qui j’en ai parlé (car pour moi mon cœur parle et souhaite) m’a dit qu’avec bien du plaisir il les acceptera. Elles seront ici comme vous le voulez retirées, seules pour elles, enfin comme vous l’ordonnez, seulement je vous supplie, point au Couvent. A la Campagne Laxenburg ou Hetzendorf c’est comme une solitude, là elles pourraient se promener, jouir de’ ces innocents amusements de’ la campagne. Si vous le permettez elles pourraient dîner seules avec nous, point d’autre personne, autrement seules; quelquefois quand vous le permettrez je les mènerai promener, enfin Louise, mes enfants, nous tous, en partageant leurs peines, tâcherons de’ les adoucir autant que possible. Elles ne. verraient âme au monde, que qui vous m’ordonnerez. Je serai volontiers de’ cœur leur Mère Amie Gouvernante Servante, enfin tout. Pardonnez, chère Maman, si j’ai osé écrire ceci, mais mon cœur ne pouvait le refermer, n’étant tranquille vous voyant là en Sicile dans cette isle seule sans défense, où je sais que vous aussi n’y êtes contente; mon souhait ardent de’ me mettre à vos pieds n’est pas seul ce qui me fait parler, mais votre sûreté et puis le bien qui, j’espère, en résulterait si je pourrai vous parler, mettre au clair de’ bien de’ choses, enfin, chère Maman, ne voyez en ceci que la tendre dévouée Thérèse qui donnerait sa vie pour votre bonheur et qui vous baise mille fois les mains et pieds.
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Mon bien cher fils et neveu, avant une occasion pour vous écrire j’en profite avec grand empressement pour vous donner de’ mes nouvelles et assurer que nous existons encore. Il m’est infiniment cruel de’ ne savoir depuis le mois de’ novembre aucune de’ vos nouvelles, pas même si ma chère et bien aimée fille se porte bien, je tremble dans son état de’ grossesse et avec son âme l’effet qu’auront produit sur elle tous nos malheurs; vous ne sauriez croire l’effet et merveille que fait cet incompréhensible silence. Enfin tel est mon sort qui j’espère aura une fin une fois ma santé souffre, beaucoup de tournements de’ tête et des nerfs, mais pour moi je suis étonnée de n’être point morte, ainsi je souffre en silence. Votre sœur va beaucoup mieux, elle mange déjà à dîner et se remet, mais je commence à la croire enceinte. Son enfant se porte très bien, mes autres enfants aussi. De nouvelles je ne puis rien vous dire, car nous sommes entièrement séquestré de’ tout commerce avec le Continent, les Provinces chez nous sont toutes en pleine révolution contre la République, Capitale; mais comme il y a des mauvais sujets et modernes penseurs aussi en Province ceux-là se battent avec les bons, mais grâce à Dieu ceux-ci ont le dessus. La Capitale se distingue par toutes les horreurs ingratitudes possibles qui font, quand on les éprouve, haïr la vie. Les Russes et les Turcques nous promettent des secours, s’ils viennent bientôt et avant que les Français puissent avoir des renforts Naples sera bientôt repris, d’autant plus qu’il y a le bas peuple tout pour le Roi, la noblesse et seconde noblesse commence à se dégoûter vue les impositions énormes qu’on leur a imposé et tout ce que l’on fait à Naples. Nous sommes sans aucune nouvelle ni secours de’ votre part depuis novembre, les Russes et Turcques nous font espérer les leurs, les Anglais nous ont apportà quelques troupes qui gardent la Citadelle de’ Messine. Le Cardinal Ruffo Vicaire Général a déjà reconquis presque toutes les deux Calabres, et toutes nos Provinces sont en insurrection contre la soi-disante liberté, je crois que le moment pourrait être favorable de’ délivrer l’entière Italie et alors, si ce bonheur arrive qui dans ce moment-ci serait très facile, je bénirais nos douleurs chagrins et épouvantes, quoiqu’elles m’ayent vieilli de’ 20 ans au moins. La Russie, la Porte nous promettent des secours effectifs, ce mois écoulé toutes les opérations de’ mer se peuvent entreprendre, mais votre cruel entier silence nous tient en suspens; de’ tout le reste de’ l’Europe nous recevons des nouvelles hors de’ vous, cela est cruel et fait un horrible effet, car on le calcule total et inattendu abandon; enfin je ne sais même quoi dire ni écrire après un silence de’ 5 mois» j’ignore ce que vous pensez faites dites» et ce qui est de’ pire pour mon cœur, vos santés, avant une fille chérie enceinte et qui, je suis sûre, a pleuré sur nos malheurs désastres, encore bien plus grands que je ne les décris. En un mot, mon bien cher fils» je me recommande à votre chère amitié soins, et croyez moi pour la vie toute à vous dévouée, tendrement attachée Belle-mère Tante et Amie
Palerme ce 19 mars 1799.
CHARLOTTE.
Je vous dois demander mille et mille pardons de’ la première feuille qui est à demi écrite, j’ai tels tournements de’ tête que je n’ai pas la force de’ la récrire, je vous en demande donc mille et mille pardons. Je recommande nos intérêts, ma chère famille et votre chère femme, à vos intérêts et suis pour la vie toute à vous.
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Ma bien chère Enfant, je vous envois une lettre qui était faite pour aller par la voie de’ Livourne, quand la mauvaise nouvelle nous est parvenu que Livourne était dans les forces françaises et que par conséquent cet unique espoir et chemin de’ savoir vos nouvelles et vous faire parvenir les nòtres nous était aussi empêché. Je profite donc de’ l’occasion d’un bâtiment qui va à Trieste pour vous donner de’ mes nouvelles, j’éprouve trop combien il est cruel de’ n’en point avoir, étant inconcevablement depuis le mois de’ novembre privée de’ vos nouvelles. Je suis dans les plus vives inquiétudes pour Louise et ses enfants et donnerais tout au monde pour les voir sauvés; je crains toute espèce de’ coquinerie et en suis très inquiète. Ici nos santés se soutiennent, la mienne souffre, mais je regarde comme un miracle que je vis et existe. Votre Belle-Soeur se remet très-bien et si, comme je crois, elle est réellement enceinte, que sa grossesse et couche soit heureuse, je crois qu’elle pourra entièrement se remettre. Votre cher Père frère et sœurs se portent bien, nous fesons tous des vœux au Ciel à fin que notre sort se meilleure, mais cela est encore bien éloigné. En attendant l’Escadre anglaise est allé blocquer Naples et nous verrons quel effet cela produira. Le Cardinal Ruffo a abattu tous les fatale arbres en Calabrie et a ramené toutes les deux provinces à leurs devoirs; nous apprennons que dans les autres provinces il y a aussi des rassemblements en notre faveur et principalement en Abruzzo; je suis bien persuadée que, si un peu de’ force se pouvait présenter devant la Capitale où gît la corruption, tout le reste du Royaume retournerait à l’instant à son devoir, mais là resiède (575) la coquinerie dans la plus grande partie de’ la noblesse, militaire et quelques jeunes procurera et étudiants comme mauvais prêtres et moines; le peuple est fidèle mais désarmé et avili des fréquentes fusilations. On fait une énorme quantité d’imprimés, un plus infâme des autres, et tels de’ faire haïr la vie, quand on voit qu’après 30 années de’ tous les sacrifices on est ainsi récompensé. Mais il faut faire son devoir, le mien est dans ce moment de’ tâcher par tous le moyens de’ faire ravoir à mon cher mari et mes cherissimes enfants leur patrimoine; remplie cette tâche je pourrai penser à mon entière retraite, unique objet de’ tous mes vœux, car j’ai trop vécu connu vu et éprouvé pour ne soupirer qu’après la plus austère retraite. — Adieu ma bien chère Enfant, je crois que dans ce mois vous devez accoucher, Dieu veuille vous accorder une heureuse couche, ménagez votre santé. Depuis novembre je n’ai aucune lettre, j’en aurais reçu d’Amérique, des Indes Orientales, et crains que les courriers ou ont péri ou ont été intercepté ou traîtres, car cela n’est pas naturel. Dieu veuille vous conserver, de’ même que votre cher mari et enfants que je vous prie d’embrasser en mon nom. Par les nouvelles d’Italie qui actuellement cessent, aussi Livourne Gênes Naples Civita-Vecchia tons les ports étant empêchés, par ces nouvelles nous avons appris les hostilités commencées à Coire, Gallo arrivé le 16 février, mais voità tout. Je suis vivement inquiète pour la pauvre Louise, même pour les vieilles Tantes Mesdames de’ France, j’ignore entièrement ce qui peut leur être arrivé; enfin je souffre pour tout le monde et beaucoup pour moi-même. Palerme est une belle ville, mais cette coupure entière de tout commerce humain, comme aussi le caractère des gens, me tient entièrement retirée et je ne vis qu’avec mes enfants, n’ai point encore une chambre meublée ni une connaissance, me flattant toujours d’un mois à l’autre de’ retourner chez moi à Naples. Ce qui est certain c’est, qu’ou je retourne à Naples ou je me retire quelque parte, mes filles, bellefille pensent comme moi; votre père et François s’v plaisent, mais moi pas du tout. Adieu, que le Ciel vous benisse conserve rende heureuse, ce sont les vœux de celle qui en vous embrassant tendrement et vous donnant sa sainte bénédiction se dit votre tendre mère et amie
Palerme le 2 avril 1799.
CHARLOTTE.
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Ma bien chère Enfant, je rouvre ma lettre, elle devait vous parvenir par Livourne, mais au moment de’ partir nous en avons açu l’occupation par les Français, ainsi c’est encore un débouché des perdus. Un courrier à nous partira dans 4 jours, mais comme les événements de’ mer sont très douteux, je vous envois celle-ci par un Cutter anglais qui accompagne des marchandises à Venise. Je vous annonce la reçue de’ 31 de’ vos lettres du 25 novembre jusqu’au 4 mars, elles m’ont causé une joie inexprimable et bien vivement touchée par leur tendresse et expression; je vous y répondrai par courrier qui va partir le 16 ou 17 de’ ce mois (576), celle-ci seulement je m’empresse à vous dire que nous sommes tous assez bien en santé, que votre double Belle-Soeur se remet, on lui a donné la nouvelle de’ sa sœur avec toutes les précautions, elle a été saigné et depuis ce jour sent régulièrement plus d’une fois le jour son enfant et se remet; je crois donc qu’elle accouchera avant les dix mois, n’ayant pas même eu le capo parto. Je suis bien occupée inquiète et en attente de’ votre chère couche, et Dieu veuille vous la rendre comme mon cœur vous la souhaite. Nos nouvelles sont un peu meilleures, les Anglais blocquent Naples et ont pris pour nous et en notre nom Capri Procida Ponza, tout avec le concours des habitants; les Provinces Terra di Lavoro vers Gaëte, les Abruzzi Pouille Basilicata Salerno sont en armes contre les Français et gouvernement républicain et ont abattu les fatals arbres, les deux Calabres sont reconquises entièrement. Il n’y a que la Capitale où même le Peuple est bon; la force, crainte des Français, aucune troupe pour les aider, nous devons la perte de notre Royaume et le dépouillement, car ils ont déjà extorqué 6 millions et demi de’ ducati, et quand le Roi ne pouvait recevoir un sou on a trouvé tout le numéraire à leur donner. L’armée infâme a tout perdu, la noblesse curiale; le reste, le peuple est fidèle et cela me donne beaucoup d’espoir. Nous sommes coupés de’ toutes nouvelles, car l’Italie est séquestrée, l’Allemagne rien ne vient non plus, cela est cruel dans de’ pareils moments. Adieu, portez vous bien, puisse votre couche être heureuse! Par le courrier je vous écrirai de’ plus, je vous embrasse et bénis.
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Palermo 11 Aprile 1799.
Caro Francesco! Le vostre quattro lettere del 25 9bre, 14 e 24 Xbre dello scorso Anno, e 4 del caduto Marzo, mi sono alla fine pervenute in una volta con una quantità di Corrieri, dai tempi ed altre tristi circostanze trattenuti da circa cinque Mesi. Ho avuto finalmente la consolazione desiderata di veder riaprirsi la communicazione tra noi, che un troppo lungo e doloroso silenzio teneva interrotta, con aggiunger pena ed inquietudine alle altre serie ed afflittive mie cure. Sommamente sensibile sono stato alla perdita che avete fatto di una Sorella, le di cui doti davano molto a promettere nella famiglia (577). Ai conforti di ogni genere, al sollievo che i sentimenti della parentela possono somministrarmi, devo ricorrere per sostenere me e la mia famiglia nelle angustie sofferte e che non anno ancora il termine per cui sospiro, senza lasciar un istante di adoprare ogni sforzo in mio potere per procurare di accellerarlo. Desidero di cuore che benedica la Provvidenza le Vostre misure e salvi Voi e la cara Vostra Famiglia da ogni pena e cordoglio del genere di quelli da me e da’ miei provato. Confido fermamente nella Divina Misericordia che mi continuerà ad assistere con quella grazia almeno, che mantenga in me la fermezza di animo che richiedono le attuali Crisi. Sento dall’ultima delle sopradette Vostre lettere che credete di ritrovarvi presto in guerra, e da posteriori notizie che questo caso sia già giunto. Mi lusingo che l’energia delle Vostre numerose Truppe riparerà, a quanto di danno per Voi e per l’Italia come per l’intiera Europa minacciano l’impudenza e rapacità Francese. Vedo con piacere che Gallo possa porvi a giorno di ciò che concerne me e le Sicilie. Spero che le Vostre premure per la causa piucché mai divenuta commune, avranno il desiderato successo a me specialmente tanto necessario. Sarete da Gallo instrulto della vivacità colla quale animo le misure di ogni sorte a me possibili per estirpare nelle Provincie del mio Regno di Napoli il seme infetto, che il nemico ristretto ora ed in scarso numero nella sola Capitale aveva cercato a spargervi. L’Onnipotente appoggia fin qui le mie vive Operazioni. Da Voi come dai miei buoni Alleati mi auguro spero ed attendo quel conforto, che a tutti insieme recherà quel riparo con l’efficacia dei successi a tanti danni e quella tranquillità che mi lusingo, mercé la buona unione, verremo a riacquistare. La nostra salute grazie a Dio è buona, e Vostra sorella è di nuovo gravida. Godo sommamente di sentire che la Vostra (578) sia anche perfetta, conservatevi e continuatemi quella stima ed amicizia, colla quale teneramente abbracciandovi sono il vostro Affezzionatissimo Suocero
FERDINANDO B.
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Mon bien cher fils et neveu, après une si longue et désespérante attente 7 Courriers sont arrivés le 2 avril ensemble, et m’ont apportà vos chères nouvelles du 25 novembre, 14 Xbre, 24 Xbre, du 18 janvier et du 4 de’ mars. — Je vous dois mille et mille remercîments pour tout l’intérêt que vous nous témoignez aux malheurs inouis qui nous sont arrivés. Il faut espérer en la Divine bonté que les suites en seront moins funestes de’ ce que tout fesait, quand je vous écrivis la dernière fois, craindre. Voici notre actuelle position. Les deux Calabres sont de’ nouveau malgré ou bongré entré dans l’ordre et il n’y a plus un arbre de’ la libertà dans ces deux provinces où le Peuple, comme dans tout le Royaume et même dans la Capitale, est bon, mais les classes distinguées mauvaises. En Pouille un Corse (579) conduit les peuples et a fait abattre presque tous les arbres hors Barletta et Manfredonia, toutes les autres villes sont du Roi, les paysans se sont battus, ont pris des prisonniers et marchent en corps en avant en Abruzzo. Un Abbé nommé Pronio, par surnom de’ guerre le Grand Diable (580), a repris toutes les Abruzzi, s’est battu aves des Français et Jacobins, leur a pris canons et la caisse militaire avec laquelle il entretient sa troupe; il est entre Gaëte et Capoue, menace et inquiète la criminelle Capitale, les Anglais blocquent le port de’ Naples et y ont pris les isles de’ Procida Ischia Capri Ponza et Ventotene, où on a mis garnison napolitaine. Les habitants de’ la Capitale sont tous combattus de’ différentes passions, crainte désir peur rage, ils préparent de’ grands moyens de’ défense en batteries artiglerie marine; tous les officiers, qui ont fui comme des lièvres devant eux par poltronerie et trahison, se veulent actuellement montrer des héros. Si les Russes nous arrivaient bientôt Naples serait prise en 24 heures et avec elle tout le Royaume, mais c’est de’ leur venue que tout dépend. Je crois bien qu’en fesant approcher les 3différents Corps vers la Capitale, y jetant quelques bombes, on pourrait même sans les Russes s’en emparer; mais comme il n’y aurait point de troupes pour imposer et mettre l’ordre, le carnage serait affreux, les partis s’entretueraient par esprit de’ haine vengeance, et quoique très criminels, se sont toujours nos sujets. Ainsi nous attendons les Russes avec une impatience sans égal, et nous leur devrons tout, car je suis sûre de’ la pleine réussite, surtout si les Français ne peuvent envoyer des renforts. On dit ici que vous avec déclaré enfin la guerre, que vous avez eu des succès en Italie et au Rhin, mais ce sont tous des on dit, je prie bien Dieu que cela soit ainsi et continue de’ même. On dit les malheureux Grand Duc avec leur famille sauvé ce qui me console; enfin nous sommes entièrement de’ toutes les nouvelles du monde privés et séparés, ce qui surtout dans ce moment-ci est bien triste et dangereux, ignorant tout Nos santés se soutiennent, mais ma tristesse ne fait qu’augmenter, plus je réfléchis et vois l’ingratitude des hommes; les plus beneficés, les classes les plus privilégiées sont les plus enragées contre nous, cela fait haïr la vie, mais surtout d’être Souverain, enfin tel est notre triste sorte. Votre chère et bonne Soeur se porte beaucoup mieux, elle est enceinte de’ plus, cette certitude sa santé meilleure chaque jour; les autres sont aussi bien que l’on peut l’être dans le chagrin et privations en tout genre que nous souffrons. Le Roi est allé respirer un peu d’air de’ campagne à un quart d’heure de’ la ville en particulier pour se soulager; nous sommes restés, manque de’ tout, en ville, où chevaux dîner plats tout volontairement nous avons encore réformé, pour donner un soulagement au Roi ce qui nous parait un devoir. — Je suis bien reconnaissante de’ la bonté avec laquelle vous offrez à moi et à mes chers Enfants un asile en cas de’ malheur, j’espère en Dieu que ce cas ne se donnera plus, mais en tout cas nous en profiterions avec cette discrétion et limitation que notre façon de’ penser nous en ferait un devoir, mais j’espère en Dieu que ce cas ne se donnera plus. Pour les affaires, les Ministres s’entre écrivent, je les connais trop peu et ai l’âme trop affectée de’ tant et tant de peines pour m’en mêler. Je vous désire bonheur en toutes vos actions comme mère tendre, tante et amie. Je ne puis nier que tout ce que je vois, et de’ tous les cotés, m’inquiète et que je ne vois point clair dans la louche politique de’ tous les Cabinets, mais je mets mon espérance en Dieu qu’il voudra nous aider avec mon innocente famille et préserver à tous les Souverains, et beaucoup plus ceux qui comme vous m’intéressent, de’ trahison et traîtres qui sont les vrais armes des Français. De Mack nous ne savons rien du tout, on le dit prisonnier dans le même Château que le Pape a Briançon. Adieu mon bien cher fils, je ne veux plus vous ennuyer plus longtemps de’ mon ennuyeux verbiage qui, triste comme il est et ne peut être autrement, ne peut que vous ennuyer. Adieu, vous pouvez croire dans quelles inquiétudes je me retrouve, sachante ma chère fille prête d’accoucher, je la recommande à vos soins et attentions. Adieu, continuez moi votre chère amitié, croyez que je ne la démériterai jamais et que je suis avec le plus sincère attachement votre bien attachée Belle-Mère Tante et amie
Palerme ce 21 avril 1799.
CHARLOTTE.
32
Ma bien chère Enfant, j’ai reçu 31 de’ vos chères lettres à la fois par l’arrivée de’ 7 courriers, la première du 14 Xbre et la dernière du 4 mars. Combien j’ai été touchée, ma chère Enfant, de’ tout ce que vous me dites et de’ tout l’intérêt que vous me témoignez dans nos tristes et malheureuses circostances! II y aurait un volume à écrire, je n’en ai ni la force ni le courage, d’ailleurs je couverais risque de’ vous ennuyer et suppose même que vous pouvez être en couche, ainsi ne veux point vous fatiguer. J’ai été touchée jusqu’aux larmes et bien vivement émue devons vos offres pour moi, pour vos bonnes sœurs, pour tout ce qui nous peut être utile; j’en sens tout le prix, mais croyez que jamais sans le plus indispensable besoin nous ne serons à charge à personne et que nous nous contentons de’ nos privations et médiocrité, espérant à Dieu qu’elles ne seront pas éternelles. Nos santés, ma bien chère Enfant, se soutiennent, mes nerfs souffrent beaucoup, mais c’est un miracle que ce ne soit pire et je tire ma vie en avant. L’air de’ Palerme nous fait du bien, quoique j’avoue je n’en aime nullement le séjour séparé du Continent, car me voilà encore depuis le 6 mars sans aucune nouvelle de’ vous autres, et nous ignorerions la déclaration de’ guerre, si les gens enfuis de’ Livourne ne nous en eussent assuré l’authorité (581) et la fuite des pauvres Grand-duc; ainsi cette stagnation de nouvelles est cruelle, surtout pour mon cœur maternel, outre qu’il est fatal aux affaires. Votre cher Père jouit grâce à Dieu d’une bonne santé, il s’est accomodé une très jolie maison de campagne à la chinoise, petite mais bien située, à 20 minutes éloignée de’ la ville, il y loge dîne va et vient, cela l’amuse. Nous sommes tous en ville, nous avons diminués chevaux, plats de’ la table, pour que votre cher Père puisse avoir cette jouissance qui le soulage sans avoir de’ nouvelles dépenses, et les jeunes époux puissent sortir et leur enfant, ce qu’ils croient nécessaire à sa santé. Moi mes filles et Léopold nous restons à la maison, n’ayant pas assez de’ chevaux et ne voulant faire aucune dépense; quand Léopold sera bien installé aux hommes je renverrai sortir à pied, sa santé souffrant ainsi renfermé. Les filles ont un petit jardin comme une terrasse, quai, près de’ la maison, et là elles respirent Pair, leurs chambres étant de’ vrais trous pour leur santé. Ma Belle-Fille s’est entièrement remise, 40 jours de’ cure de’ lait, les thermes minérales l’ont remise; elle a été pour quelque moments très sensible à la mort de’ sa sœur, on l’a saigné et depuis alors elle sent chaque jour régulièrement et bien son enfant ce qui, comme elle n’a point eu de’ capo parto (582), me fait conjecturer qu’elle peut être de’ 4 à 5 mois, mais n’est jamais sûre; ce qui est certain c’est qu’elle s’est grâce à Dieu remise, a bonnes couleurs, engraisse, mais c’est une personne qui exige toujours bien de’ ménagements et est très délicate. Son mari se porte très bien, n’engraisse que trop, est honnête loyal ferme, mais a un extérieur détestable et une ferme decise volonté de ne se gêner en rien, n’ayant nul amour propre à un point criminel. Leur enfant me paraît hébétée, elle a presque 6 mois, ne comprend rien, ne fixe rien, ne sourit à rien; je n’ai jamais vu un enfant si p&i concevant pour cet âge; elle n’est pas laide, quoique délicate, mais de gros veux qui ne disent rien rien; enfin un enfant très peu précoce et qui n’annonce aucune vivacité. Mes chères filles vous embrassent; la bonne Mimi prie Dieu, se mortifie pour que nos circonstances changent; l’Amélie est la plus jolie de’ figure, et un tact, une finesse infinie et un excellent cœur; l’Antoinette grossit et ne grandit pas, elle est un aimable espiègle, mais pas jolie; elles font ma compagnie consolation et mon unique pensée, je désirerais bien vivement les établir, soit avec le fils de’ Milan (583), soit avec le fils de’ l’Electeur actuel de’ Bavière (584); ma bonne Mimi me resterait, je tâcherais de’ lui faire chez elle, si Naples nous revient, un sort indépendant et heureux, car elle le mérite bien. Pour ma Belle-Fille pour la consoler de’ la perte de’ sa sœur, et l’effet en a été d’abord et positif, je lui ai proposé faire venir les Dombasle ici (585), les placer auprès d’elle et son enfant, comme aussi la Reck (586); cela lui a fait le plus grand des plaisirs et j’avoue malgré tous les petits inconvénients, et «qu’en dira-t-on?», je vainquerais tout pour lui procurer cette consolation. Nous sommes sur un pied que je ne la gène en rien, amicale, et il n’y a eu ni j’espère aura jamais une parole entre nous, mais Îa meilleure union; je me suis protestà que je ne veux ni histoire ni tracasserie ni tripotage, ainsi je n’entends rien, et c’est ce que je veux; mes filles sont amies avec eux et n’osent jamais me raconter ce qui se fait ou y passe. Actuellement vous aurez les Grand-duc et leur famille, ici nous a débarqués tous les Ministres, Consuls étrangers avec leur famille, Seratti, Manfredini, Fossombroni, les Corsini, enfin tout le Ministère étranger et l’interne de’ la Toscane. Tout ce qui arrive, tout ce que l’on entend fait horreur et pitié, tant pour la Toscane que pour tout. On dit que les armées de’ votre cher mari ont rapporté des victoires tant au Rhin qu’en Italie, cela est bien vivement à désirer, car cette guerre est à mort: ou on détruira l’hydre dévorateur qui ruine tous les thrones et propriétés, ou cette hydre détruira tout et si, par malheur fausse politique égoïsme désir d’acquisitons, des paix partielles se feront, si on ne matte pas la plus grande activité bonne intelligence entre tous les Alliés, si on ne détruit pas par tous les moyens possibles tout soupçon méfiance idée d’agrandissement conquête entre les Alliés, un jouera de’ finesse à l’autre, entravera l’un à l’autre les opérations, et on se perdra. Comme je vois plus que difficile, j’ose même dire impossible, de’ faire goûter les vrais principes aux différents gouvernements, je désespère de’ la bonne réussite et suis bien triste, mais il faut remplir son devoir jusqu’à la fin, et c’est ce que je tâcherai de’ faire et comme femme et comme mère pour n’avoir aucun reproche à me faire. — Nous attendons les Russes qui nous sont par traités promis, avec la plus vive impatience; d’abord qu’ils viendront on les portera devant Naples qui est déjà strictement blocquée par l’Escadre anglaise, et les Isles d’Ischia Procida Capri Ventotene tous à nous rendus et les peuples en montrant la plus grande joie, De Naples ils viennent, malgré les rigueurs du Gouvernement, continuellement du monde qui assure de’ leur fidélité attachement. Les deux Calabres sont entièrement à nous par l’activité soins et peines du brave Cardinal Ruffo qui y est le Vicaire Général. En Abruzzo un homme et âme honnête brave, que nous ne connaissons point, a racquis les deux Abruzzi, les places villes, et entre Gaëte Capoue ne laisse personne passer; il s’est battu avec les Républicains et leur a òté 8 canons et la caisse militaire; on l’appelle par surnom Fra Diavolo, les Français ont envoyé offrir promettre pour le suborner, tout a été inutile et il les embarasse. En Pouille toutes les provinces étaient aussi retournées à la fidélité, mais le fatale Comte Ruvo est allé piller brûler passer au fil de’ l’épée la ville d’Andria, celle de’ Trani; cela a épouvanté les autres qui ont cédé et remis l’arbre dans ces provinces; mais si la Capitale est prise tout le reste cédera et d’abord, car les peuples sont pour nous entièrement. Il n’a que quelques classes, celles qui devraient le moins l’être, avant plus à perdre. Je ne vous nommerai point les horreurs scélérats, tous ceux qui se distinguent, les Moniteurs Napolitains vous le diront; il y en a de ceux qui ont affligé mou cœur, comptant sur eux. Tel est Caracciolo de la marine que j’ai toujours distingué, qu’à Palerme encore [j’ai distingué et sur la probité duquel je comptais; Policastro chef à examiner les déprédations faites de’ l’Ex-Roi, bon nombre d’évêques, notre archevêque qui par faiblesse et bêtise a imprimé deux infâmes pastorales, Carlo de’ Marco, pensionnaire bene merito della Repubblica, Cantalupo ministre des finances, les militaires, enfin tous les plus bénéficés. Elle Cassano et Elle Popoli, haute (587) et que nous appelions «Leurs Altesses», vont avec les cheveux coupés quêter, monter dans toutes les maisons pour avoir des secours pour les braves soldats qui doivent battre le Tyran, enfin des horreurs! Enrico Sanchez, patriote au service de’ la République, sa femme enragée Jacobine, lorsque jusqu’au jour de’ mon départ elle et ses enfants étaient avec mes enfants en compagnie; enfin tout ce que l’ingratitude la plus forcenée peut faire et qui déchire le cœur et rend la vie odieuse! Tous les biens des enfants de’ la famille détruits, jusqu’au Fusaro vendus, ma petite maison à St. Lucia vendue par Rocca Romana, enfin des choses incroyables et telles que je n’en reviens point. Car ils en agissent avec une sûreté comme si cela ne devait jamais finir, et j’espère à la venue des Russes et au moment du débarquement tout sera terminé. Le Peuple est tout fidèle, la noblesse officiers étudiants, le haut magistrate est restà fidèle (588), ainsi la chose sera vite faite, mais je crains les vengeances populaires, car ils l’ont juré, et je crois que beaucoup de’ sang coulera. Enfin personne de’ la noblesse s’est encore montré fidèle, cela fait frémir, mais n’en est pas moins vrai. — Manfredini Seratti Fossombroni Corsini, Ministres au Grand-duc, arrivés ici disent qu’en Toscane les gens sont mieux pensant, mais tout aussi moux et vils que les autres. Manfredini demande à hauts cris de’ partir avec ce brick qui va porter les courriers; je ne sais ce que le Roi en décidera, ne l’avant pas voulu voir; pour moi je suis d’avis que, ne le voulant pas bien traiter, on le renvoyé où il le désire, car je ne puis oublier qu’il a élevé mes deux gendres et toute l’influence qu’il a sur eux. Avec le brick vient aussi le Chevalier de’ Saxe qui, avant été mortellement blessé, vient à prendre les eaux de Baden pour se remettre et pouvoir faire campagne. — Pour moi, ma bonne chère Enfant, ma plus grande et unique consolation aurait été de venir vous voir embrasser, voir ces chérs Enfants et vivre quelque temps près de’ vous pour me remettre des peines et chagrins au dessus de la force humaine, mais mon devoir me l’ordonne autrement et. je prévois presque que je n’aurai plus de’ ma vie ce bonheur, si quelque mariage de’ mes Enfants ne m’y conduit. Car nous devrons vivre le reste de’ nos jours dans la plus stricte économie et ne pouvant rien dépenser, nous retrouvons tout pillé dévoré perdu ruiné, tous les gens à l’aumône; ils ont déjà pris 8 millions de’ Ducati en monnaie comptante et 4 millions en bijoux ou argent effets, il en faut encore 4 millions selon leur ordre; joignez à cela que grâce à Dieu jusqu’à présent il n’ont pas la ressource des huiles grains, n’avant point ces provinces en leurs mains, ainsi c’est tout effectif. Tout le monde est dans la misère, les vivres commencent à manquer dans cette immense Capitale et je crains d’un jour à l’autre un massacre dans la ville inutile et que je voudrais empêcher, épargner au moment du besoin. Enfin voilà une légère esquisse! Vous parler, ma chère Enfant, de’ nos inquiétudes sursauts soins serait vous affliger inutilement. Croyez que dans tous les genres, de’ cœur d’âme de’ sentiments, je souffre l’impossible et suis très malheureuse. Mais je remplirai mes devoirs dussai-je y succomber, et si jamais ce dont je ne me flatte plus, je vous reverrais un jour, vous serez étonnée de’ la moitié du réel de nos peines. Vos sœurs sont parfaites, réellement vertueuses, et je les aime encore de’ plus après nos malheurs, Dieu veuille les rendre heureuses. — Nous avons établi un courrier maritime qui chaque semaine ira à Zara pour recevoir de’ vos nouvelles, daignez avec Gallo arranger que les pacquets soient confiés aux hommes qui apporteront les nôtres, au moins pour avoir des nouvelles du Continent, car voilà encore deux mois sans nouvelles! Dans la Sicile, moyennant les succès et le retour des deux Calabres, la Citadelle de’ Messine avec une garnison anglaise, les secours qu’on espère et attend des Russes, la guerre déclarée par l’Empereur, les succès que l’on dit et dont je prie Dieu de’ les multiplier, tout cela ensemble a tranquillisé calmé la Sicile qui, quand nous sommes venu, était dans un état à faire craindre aux plus courageux; à présent on est tranquille, mais le même esprit d’égoisme, rien donner, y règne et peu d’énergie courage, avec un caractère bien plus féroce et décidé des Napolitains. Je vis absolument dans la retraite et la seule chose qui m’a fait connaître quelques dames, c’est deux fois la semaine aller dans quelque couvent de’ dames pour nous faire voir, il y en a de’ seules dames 22 ici, jugez du reste. La ville est peuplée, les environs beaux, mais je ne soupire que de’ retourner chez moi à Naples, à tranquillité revenue; car d’être séparée du Continent est bien triste. — Je ne vous parle point de politique, cela me peine trop. Les Anglais nous rendent des services réels et jamais se peuvent assez reconnaître en tout, les Russes promettent de’ même que les Turcs et montrent bonne volonté. Sur votre cher Empereur, malgré toutes les entraves et méchants qui cherchent de’ refroidir et ont très refroidi des liens que tous les sentiments du sang doivent réunir, j’espère et compte sur sa loyauté vérité, et si les communications étaient plus faciles on s’entendrait mieux. C’est ce qui aussi nous a fait mettre le courrier semanile à Zara pour se communiquer; le premier est parti le 24 de’ ce mois et arrivera peut-être avant celle-ci. Adieu ma chère Enfant, si je suivais mon cœur je ne finirais jamais, mais ma faible tête s’y refuse. Adieu, puisse le Seigneur vous accorder une heureuse couche, ménagez vous bien, car de’ là dépend la santé, je ne puis assez vous le prêcher. Nous sommes ici dans notre isle et le serons peut-être quand vous serez déjà sortie des couches, puisse-t-elle être heureuse et de’ votre pleine consolation, voilà ce dont je prie Dieu indignement. Recommandez nous à votre cher mari, nos intérêts, ils sont communs un bien publique, nous sommes parents amis alliés, puisse le Ciel lui accorder des succès et le préserver de’ trahison. On dit Mack au même lieu que le Pape à Briançon. Que je le plains! C’est contre toute bonne foi, je ne puis croire Mack un traître, mais il a perdu la tête et au lieu de’ se replier sur la Calabre Sicile comme il nous l’a promis, il est allé chez Championnet, a par là mis du louche dans sa conduite et en a été la dupe; ses adjutants qui l’ont quitté en pourront mieux donner des nouvelles, hors Redlich duquel je me méfie fortement, je l’avoue, et beaucoup de monde est de’ mon avis. Au reste vous saurez mieux que moi tout cela. Ce que je désirerais bien vivement c’est la continuation des heureux succès des troupes de’ votre cher mari. Comptez, ma chère Enfant, que, bien que si éloignée et que des mers nous séparent, mon sentiment ne changera jamais ni diminuera; je ne suis occupée que de’ vous et ils passent peu de’ jours que nous ne parlions en famille de’ vous et ne désirerions vous revoir avec vos chers Enfants; mais je suis trop sincère pour ne point avouer que de’ ce bonheur je ne me flatte plus. Vous aurez actuellement les Grand Due avec toute leur petite famille chez vous; on dit les Enfants très aimables, et j’avoue mon cœur maternel, j’avais désiré bien de fois malgré nos embarras avoir la mère et Enfants chez nous, et nous avions dans notre imagination tout arrangé pour cela, actuellement je trouve avec la raison que c’est mieux ainsi. Manfredini part avec le même courrier pour rejoindre son maître, je l’ai trouvé maigri défait; il montre beaucoup d’empressement d’être auprès de’ son maître pour lequel il témoigne et dit avoir un grand attachement. Les autres Ministres Seratti Corsini Fossombroni et tous les étrangers résidents à Florence sont ici, enfin c’est une fluctuation d’événements et malheurs continuels. Mes voeux sont pour que le Ciel bénisse les succès de votre cher mari, que nous savons, mais en confus, mais qui doivent être réels puisque les Français évacuent Naples, avant renvoyé femmes malades bagage artiglerie, vendant tout à bas prix et s’étant enfermé à St. Elme, aussi il faut qu’ils se concentrent autre part. Dieu veuille bénir Ses succès et qu’une bonne intelligence se mette entre les Puissances: j’aurais sur cela trop et trop à dire qui vous fatiguerait en couche. Recevez donc, ma bien chère Enfant, les voeux bien sincères que je fais pour votre bonheur et prospérité en politique, privé ménage, comme épouse mère Souveraine, que Dieu vous accorde tout ce que je vous désire; ménagez vous bien en couches, pensez quelquefois à nous autres rélegués dans une isle, aimez vos sœurs et frères, je vous en conjure et j’ose dire qu’ils le méritent; ces malheurs m’ont encore mieux prouvé l’excellence de’ leurs caractères et je vous les recommande. Je prie Dieu de’ les établir, si cela peut être pour leur bonheur, sans cela j’aime mieux les avoir avec nous que de’ les rendre victimes de’ mon ambition et peu heureuses; un pain qui me restera sera avec cordialité divisé entre nous, et dans tous mes malheurs l’union parfaite dans la famille, à laquelle ma Belle-Fille contribue aussi et ce qui me fait lui être si attachée, fait ma consolation. Adieu, ma bien chère Enfant, sovez toujours notre avocat auprès de’ votre cher mari, pensez à nous, nous serons jamais indiscrets mais modérés; vos offres cœur m’a bien touché, aimez vos chères sœurs, c’est tout ce que je puis vous demander de plus cher à mon cœur; soyez après moi leur mère, cette assurance me donnera consolation et tranquillité. Ménagez votre santé, parlez moi surtout librement. J’embrasse vos chers Enfants et voudrais le pouvoir faire de personne. Adieu, je vous bénis embrasse, parlez moi toujours libre et sincèrement, soyez sûre que ce n’est que pour moi seule et que je suis pour la vie votre bien attachée mère et amie.
Palerme le 28 avril 1799.
CHARLOTTE.
Le 1 may.
C’est aujourd’hui enfin que le courrier part. Voyez notre position. Naples, le peuple désire veut faire la contre-révolution, les Anglais et gens à nous tâchent de’ les retenir, n’ayant encore ni troupes ni armes ni munitions, et des bien heureux Russes n’y avant aucune nouvelle. Salerne Castel-à-Mare Sorrento s’est révolté. Mais le premier a déjà été repris par les Patriotes et on y va faire des cruautés qui ensuite découragent. Voilà notre triste position: Castel-à-Mare se battait, peu de’ secours étrangers, tout serait dit, mais sans force contre force cela ne va pas. Je prévois des massacres et en ai l’âme navrée, car se sont toujours les bons qui succombent. Enfin Dieu aura pitié de’ nous. Je désire bien apprendre votre heureux accouchement, votre parfaite santé, avez bien soin de’ vous. Parlez recommandez nous à l’amitié de votre cher mari. J’embrasse vos chers Enfants. Je recommande à votre amitié Louise et ses Enfants et suis pour la vie votre tendre mère et amie.
CHARLOTTE
3.
Mon bien cher fils et neveu, je profite de’ l’occasion d’un bâtiment Triestin qui part pour vous écrire; je l’ai fait hier à votre chère femme, mon cœur m’aurait poussé à lui écrire encore aujourd’hui, mais ma raison me retient, j’ignore si elle est en couches et qu’elle est son état, et ne veux par ma lettre lui causer aucune inquiétude. Nous en avons une bien grande. L’Escadre de Brest, forte de’ 30 voiles de’ 20 ou 23 vaisseaux de’ ligne, se retrouve dans la Méditerranée, elle a échappée à la vigilance de deux Escadres anglaises et se retrouve dans la Méditerranée. Le brave Nelson, ne pouvant supposer une pareille venue au travers de deux Escadres, une avant Brest et l’autre avant Cadix, était comme nous dans la sûretà de’ cette impossibilité, et par conséquent toutes les forces sont séparées, à Naples Malthe Messine Longone Tripoli Adriatique, et nous n’avons à Palerme que deux seuls vaisseaux qui ne peuvent faire aucune défense contre un si grand nombre. Tout ceci nous tient dans les plus vives inquiétudes et peut nous perdre. Sans ressources le Roi est décidé que, si l’Escadre Ennemie s’approche vers la Sicile, de’ faire une générale proclamation et d’armer tout le pays en masse et de’ l’animer à accourir à la défense de’ la patrie, pour tout ce que l’on peut dire de’ plus vrais motifs. On travaille actuellement à la proclamation. Si les Russes qui nous appartiennent viendraient ils pourraient nous sauver; pour Naples et le blocus il faut pour le moment tout abandonner et ne penser qu’à la conservation de’ la Sicile. Voici, selon ma faible idée, quel peuvent être les projets de ces scélérats: ravitailler délivrer Malthe et courir en Égypte, prendre Buonaparte et son armée, les porter en Italie pour la conserver et reconquérir, aller faire une diversion aux Turques et Russes dans la mer noire à Costantinople; ou courir sur Naples, en détruire le blocus, embarquer leurs troupes dont vous avez heureusement difficultà (589) la retraite, embarquer les Jacobins et venir faire une descente et ficher par tous les moyens ordinaire de’ conquérir la Sicile. Ce projet-ci serait pour nous le plus fatal, puisqu’il serait le plus prompt à exécuter; les autres deux qui laissent quelques semaines de’ temps permettront aux renforts anglais de’ venir, et comme leur supériorité à force égale par mer est prouvé, ils pourront détruire ce dernier reste de’ marine française, qu’une fois détruite ils n’en auront plus; mais entre temps nous sommes dans le plus positif danger. Je vous recommande mes bien chers et aimés Enfants dans tous le cas. Conserves moi votre amitié, puisse le Seigneur vous rendre heureux! J’embrasse ma bien chère fille, votre chère femme, et suis très inquiète d’être depuis le 6 de’ mars sans aucune nouvelle, et croyez moi de’ cœur et pour la vie votre bien attachée Belle-Mère amie et servante.
Le 14 May 1799.
CHARLOTTE.
3.
Mon bien cher fils et neveu, pardonnez que je vous importune de’ nouveau, mais c’est pour vous faire mon bien sincère compliment. Hier au soir nous avons reçu une frégate de’ Livourne qui nous a raconté les détails des victoires de’ vos glorieuses armées, recevez en mon bien sincère compliment: Milan Bologne pris, Florence au moment de l’être, de’ même Gênes, et une colonne vers Piémont, ce sont des succès si glorieux et rapides qu’ils tiennent du miraculeux. Recevez-en mes bien sincères compliments: que je voudrais moi-même vous les pouvoir présenter! Je partage bien votre gloire! Cette nouvelle est venu bien h temps pour rasseoir les esprits très agités de cette Escadre dont nous n’avons aucune nouvelle, quoique depuis onze jours elle est dans la Méditerranée. Adieu, continuez moi votre chère amitié, le vous recommande ma chère fille, et croyez moi de’ loin comme de’ près toujours votre bien attachée Belle-Mere Tante et amie
le 16 may 1799.
CHARLOTTE.
35
Ma bien chère Enfant, le bâtiment avant retardé de’ quelques jours et même changé, car le premier patron a voulu aller charger du sel et par conséquent longtemps sauter par mer, j’ai pris une autre occasion aimant de’ vous donner de’ mes nouvelles et de’ ne vous point faire éprouver la dure privation d’être tant de’ temps sans nouvelles. Voilà depuis le 6 de’ mars que je ne sais rien de’ vous et cela dans le moment où je vous sais au moment d’accoucher ou l’étant déjà; Dieu veuille vous préserver de’ tout malheur et vous faire remettre selon les voeux de’ mon cœur en parfaite santé. Ici nous sommes tous bien. Ma toux d’estomac humeur me tourmente, mais ce sont les approches de’ la vieillesse et il faut la souffrir. Les autres sont tous bien portants et de’ bien bons enfants. Je fais ma vie retirée à l’ordinaire. Le palais à Palerme est bien situé, bon air et mieux distribué de’ celui de’ Naples, mais murs encore blancs, il faudra penser un peu à me ranger, l’espoir de’ retourner à Naples ne pouvant être si prochain, d’ailleurs l’infâme conduite de’ la plupart de’ gens de’ ma connaissance me révolte et me rend peu désireuse de’ les revoir, ainsi il faut se faire une raison. C’est à ce manque de’ communication et nouvelles que je ne puis m’adapter! La ville beaucoup moins grande de’ Naples est toute aussi peuplée, il y a une promenade publique à la marine, la grande rue qui traverse en croix la ville, le Cassero appelée, plus large et propre de’ Tolede, théâtre académie, tous les instituts publics, de’ seuls couvents de dames noblesse 22, vous pouvez juger du reste. Les campagnes sont belles, mais sans arbres, des champs entiers à l’entour de’ Palerme des fichi d’Indie que l’on aime ici. La noblesse est nombreuse. Voilà un petit détail de’ notre séjour. Votre cher Père s’est arrangé deux petites maisons de’ campagne, très jolies, mais petites, et a des amusements rustiques, des vaches animaux, et se dissipe par mer; j’ai l’âme trop affectée pour pouvoir jouir de’ rien. Mon fils a aussi une maison de’ campagne rustique, des bestiaux et y va presque chaque jour, même son emplacement est plus beau. Ma Belle-Fille sort tous les jours, son enfant aussi, pour moi et mes trois filles et garçon nous restons à la maison et ne sortons que deux ou trois fois par mois, par économie de’ chevaux carrosse, et alors nous les louons, Mes enfants ont un jardin grand comme une galerie sur un bastion de’ la maison, et là comme des prisonniers il sortent des trous de’ leurs chambres et respirent l’air; le soir chacun chez soi se couche de bonne heure. Il y a un théâtre, m&ia je n’y ai été que deux fois, le jour du Roi et le dernier du Carnaval et cela me suffit; mes pauvres enfants font une vie bien triste, mais ils en sont contentes et ne pensent qu’à m’éviter toute peine, j’en suis bien contente, désirerais vivement de’ les voir établis et vous les recommande plus que moi-méme, les aimant infiniment plus. Léopold est aussi un charmant enfant et qui promet beaucoup. Ma Belle-Fille va beaucoup mieux, mais il y a un dérangement dans elle, ———————————————————
———————————————(590): le chirurgien l’a examiné et dit qu’il est impossible qu’elle soit enceinte de’ 4 à 5 mois, comme le mouvement, qu’elle annonçait, régulier de’ l’enfant l’indiquait. Actuellement elle dit qu’elle ne sent plus rien et je ne sais que croire si elle est ou non enceinte et de’ quel temps; elle n’a plus de’ toux, mais de’ temps à temps elle crache un peu de’ sang, mais le cache à tout le monde, et ce ne sont que les Baselli qui reçoivent ses mouchoirs et les cachent de’ même. Au reste c’est la meilleure créature du monde et nous vivons ensemble en parfaite union et paix. Nous venons de’ recevoir par une frégate anglaise venue de’ Livourne les heureuses nouvelles des armées de’ l’Empereur, votre cher mari: Milan repris, Florence près de l’être, enfin un concours de’ très grandes victoires et bonheurs, cela est venu bien à propos pour nous consoler et encourager. Enfin, ma bien chère Enfant, notre privation de nouvelles de’ votre chère santé bien-être depuis le 6 de’ mars est une chose cruelle, j’espère d’un jour à l’autre en avoir et regarde du côte de’ Messine si on ne voit rien. Je ne vous parle point de Naples, la règle des coquins les plus ennemis détracteurs et les plus bénéficés et il y en a de’ toutes les couleurs. Adieu, ma bien chère Enfant, puisse le ciel vous bénir, accorder tous les bonheurs, j’embrasse votre cher mari enfants, ménagez bien votre santé et croyez moi pour la vie votre tendre mère et amie
Palerme le 16 may 1799.
CHARLOTTE
36
Ma bien chère Enfant, vous devez trop connaître mon cœur et ma tendresse pour vous, pour juger de’ la consolation que j’ai éprouvé en apprennent dimanche 27 de’ ce mois à déjeuner avec vos sœurs et bellesœur la nouvelle de’ votre heureux accouchement d’un garçon bien portant (591) et que vous et votre cher petit se portaient au gré de’ vos et nos souhaits. C’est le premier moment de’ petite consolation que j’ai éprouvé depuis longtemps, vous auriez été touchée de’ voir le plaisir de’ toute la famille, de’ tous nos gens et de’ tous les Siciliens; car je leur dois cette justice, ils partagent ma cruelle situation. Comme le premier mauvais jour de’ couches était passé, j’espère à Dieu que les autres auront suivi avec le même bonheur et que vous et votre chère famille jouissiez tous d’une parfaite santé. Votre cher Père expédira un courrier en peu de’ jours, mais comme les chances de’ mer sont douteuses je profite de’ ce bâtiment; qui sait s’il n’arrivera pas plus tòt du courrier. Je Dénis donc Dieu de’ cet heureux événement comme de’ tous les heureux succès de votre cher mari et de’ ses glorieuses victoires, et je prie Dieu qu’il les lui continue sans interruption. — Nos affaires sont toujours les mêmes, les Provinces sont presque toutes à nous, il n’y a que la Capitale qui encore se soutient dans sa scélératesse. Nous sommes très affectés de’ ne plus recevoir le corps Russes qui par traité nous était concédé et pour lequel provisions tout était fait; cela change nos plans système et nous embarasse cruellement, mais nous confions dans le Dieu de’ Miséricorde et Justice qu’il nous aidera, voyant notre vérité droiture et loyauté. Nous cachons au public cette mauvaise nouvelle, car si ils savaient que le corps de’ Herman à nous par traité destiné, et pour lequel magasins vivres logements tout était préparé, si ils savaient qu’ils ont pris une autre route et destination ils seraient furieux et parleraient hautement. Moi j’en soupire secrètement, le Roi votre cher Père en est très fâché, mais malgré cela nous espérons en Dieu de’ sortir de’ ce mauvais pas où trop de’ zèle et bonne foi nous a jeté; mais ceci sera une forte leçon pour nous, enfants et petits-enfants! François sent avec la force et feu d’un jeune homme, il se porte bien, de même que sa femme qui avance dans sa grossesse; comme elle n’a point eue de’ capo parto on ne peut faire de’ juste jugement du temps, je la crois de’ 4 mois. Son enfant est très délicat, peu avancé, mais assez jolie; vos sœurs et frère sont mon unique compagnie consolation tendresse et, je dois dire, bien bons enfants. Je dois vous prier conjurer, comme dernier acte d’amitié reconnaissance, de penser à établir vos sœurs le mieux que possible, elles le méritent, il n’y a aucune Archiduchesse ni sœur, cousine d’aucune couleur, qui pourrait empêcher qu’on ne pense à eux, et cela une fois fait selon la probabilité de’ les rendre heureuses; sans cela j’aime mieux les retenir avec moi et me sacrifier. Leur établissement pourrait encore me procurer peut-être de’ vous revoir un moment, et eux établies je pourrais suivre le plan que mes chagrins, les ingratitudes inouïes que j’ai éprouvé, m’ont décidé à suivre. Ainsi établir mes filles serait mon bonheur; deux sont nubiles formées et excellentes personnes, la 3me va se former, mais est moins solide et a encore besoin d’être guidée, mais un cœur excellent. Je vous recommande donc le point qui me tient infiniment à cœur, je vous embrasse bénis, de’ même que toute votre chère famille et le bien venu jeune Joseph, et vous assure de’ l’inviolable tendresse de’ votre bien attachée mère et amie
le 29 mai 1799.
CHARLOTTE.
37
Ma bien chère Enfant, je profite de’ chaque occasion pour vous donner de mes nouvelles et suis bien peinée de’ passer de’ mois sans en recevoir des vôtres. Comme je vous ai écrit Naples est à nous, mais St. Elme est aux Français, l’Oeuf et Neuf aux Patriotes après toutes les proclamations, pardon; l’obstination de’ ces scélérats surpasse tout et le dommage qu’il cause est incalculable. Naples «est en feu et sang, Royalistes patriotes ont un acharnement que rien ne peut faire cesser et que des troupes réglées auraient évité. L’amiral Nelson nous fait le plaisir d’y courir et d’y mettre ordre en intimant la rédition et les y obligeant, il peut le faire, la Méditerranée avant été renforcée de’ 18 vaisseaux. J’espère donc dans peu vous donner l’avis que la ruinée ville de Naples est dans nos mains. Adieu, j’espère que les succès de’ votre cher mari continuent, que vos chères enfants se portent bien. Dieu vous préserve à jamais de’ nos malheurs et douleurs et surtout d’éprouver tant d’ingratitudes, et croyez moi pour la vie votre tendre mère et amie
Le 19 (592) juin 1799.
CHARLOTTE.
38
Ma bien chère Enfant, un bâtiment allant à Trieste et ne voulant manquer aucune occasion de’ vous donner de’ mes nouvelles, je vous écris celleci, comptant bientôt par un Courrier le refaire de nouveau. J’ai reçu votre lettre du 18 avril, du 19 et 25 mai, du 7 et 11 juin, ceci vous prouve la confusion des postes et combien notre situation, surtout dans les temps actuels, est une vraie relégation. Je vous dois mille rémercîments pour le joli écran, il m’a fait grand plaisir et est admiré d’un chacun qui le voit pour l’invention et la galanterie du tableau, je vous en fais donc de’ nouveau mes remercîments, et c’est avec le plus vif intérêt que j’attends vos chers portraits à tous, ils me seront dans mon exil de’ grande consolation; je vous remercie aussi du portrait que vous me faites de Louise et de’ sa petite famille; je continue mes remercîments pour toutes les assurances d’amitié et d’intérêt qu’au nom de’ votre cher mari vous voulez bien me donner. Nos affaires sont très avancées; c’était déjà 6 mois que la République durait chez nous, elle n’a fait que trop de’ partisans et m’a rendu malheureuse pour la vie, n’ayant plus à qui fier; de’ tous ceux que nous connaissions, hommes femmes gens dé service, tout le monde a trahi, et ce n’est absolument que le seul bas peuple qui est restà fidèle. Nous avons repris les Provinces et Naples, hors Gaëta Capoue Pescara et le Château St. Elme que actuellement on assiège. Le Cardinal Ruffo entre peur faiblesse a signé une indigne capitulation entre,lui et nos rebelles sujets, l’amiral Nelson a tout nié; le Peuple est furieux contre la noblesse et Jacobins, enfin un désordre massacre sac feu, mille malheurs des guerres civiles et de’ parti se retrouvent à Naples, enfin nous avions chaque jour des bateaux de’ plainte. Tout ceci a fait résoudre votre excellent Père à y aller de’ personne, il porte 1400 hommes d’infanterie et 600 de’ cavalerie, il y est allé tout d’un coup, en 24 heures la chose a été exécutée et résolue. Vous pouvez juger ce que cela m’a coûté. Jamais nous n’avons été si éloignés, et par la mer qui nous sépare l D’ailleurs combien et combien de’ craintes agitent mon malheureux cœur et âme! Il est décidé à aller à Procida et se faire voir à bord de’ l’amiral Nelson, mais à ne point descendre à terre, mais établies les règles et points de’ sa volonté retourner au sein de’ Sa famille où il est si aimé. J’espère que sera (593) présence fera un enthousiasme, car il est très aimé, et que cela produira du bien, mais je n’en suis pas moins dans des mortelles transes, ma santé s’en ressent. Mes chers Enfants se portent bien, ma Belle-Fille engraisse, a bonne mine: mais sa grossesse avance lentement, on ne peut faire aucun compte, car depuis qu’elle est accouchée au mois de’ novembre elle n’a plus rien vu. — Je vous recommande vivement vos sœurs, mon unique désir est de’ les voir établies, celui de’ mon frère Ferdinand dépend entièrement de’ vous autres et de’ l’établissement que vous leur ferez. Si l’Italie retourne ce qu’elle a été Modène et appartenance sera à lui. Enfin je vous recommande vos sœurs, elles sont de’ méritantes attachées jeunes personnes.
Adieu, mille et mille compliments à votre cher mari, j’embrasse vos, chers enfants et me console que vous êtez si bien remise. Dieu veuille que l’expédition de’ votre cher Père réussisse heureuse pour la gloire et bonheur, et que je le puisse bientôt revoir au milieu de’ nous, et croyez moi pour la vie votre attachée tendre mère et amie le 4 juillet 1799.
CHARLOTTE
J’espère que l’inoculation de’ l’aimable Caroline sera bien passé et croyez moi à vous dévouée pour la vie.
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Ma bien chère Enfant, je profite d’une occasion de’ mer comptant toujours sur le Courrier que l’on doit envoyer qui ira en droiture et sera bien plus vite; la séparation où je me retrouve avec votre cher Père, lui étant à Naples et moi à Palerme, fait un désordre dans notre correspondance; malgré cela je risque celle-ci pour vous annoncer la reçue de’ vos chères lettres du 15. 22. 29. juin, 2. et 6. juillet. Je ne veux point renouveler votre douleur en vous parlant de la perte de’ votre chère Caroline (594), ce sont des douleurs trop vives fortes, chaque moment, chaque istant on sent le manque, la douleur se renouvelle et il n’y a que la suite du temps qui calme en partie cette vive douleur. De penser qu’ils sont heureux, qu’ils sont éloignés de’ toutes les misères humaines, cela est si vrai que la perte d’Albert, qui était un très aimable enfant, je l’ai moins senti des autres, parce-que dans le comble du malheur dont personne ne peut avoir idée, dans l’affreuse situation ou nous étions, je bénissai Dieu de’ le voir dans son sein, je ne puis penser sans frémir à ces temps, mais grâce à Dieu ils sont passés. Je ne veux donc point renouveler votre douleur en vous parlant de’ cette chère Enfant, elle est plus heureuse que nous ne pouvons jamais la rendre, c’est une raison, mais point suffisante au cœur d’une mère, le seul temps adoucit l’aigu de’ ces douleurs, je l’ai éprouvé dix fois et puis en parler d’expérience. J’espère que votre chère santé n’en souffrira point et que, si votre soupçon continue, votre accouchement sera aussi heureux comme la grossesse, tel que vous pouvez le désirer et que le Ciel vous conserve toute votre chère petite famille. — Vous saurez que la grossesse de’ ma Belle-Fille s’est dissipée après 6 ou 7 mois, enfin étant accouchée le 5 novembre elle n’a’ eu q’une apparence de’ capo parto et puis 7 à 8 moins rien, elle disait sentir l’enfant, a pris les gens polir in second enfant, arrangé les chambres, saignée de’ la main deux fois, je ne l’ai jamais cru, maie elle disait tant que j’ai dit: peut-être je me trompe; elle voulait faire mettre par tout le Royaume les prières publiques, heureusement je m’y suis opposée; quand, il y a 8 jours, sans douleurs ni rien ses règles sont venus, j’ai fait appeler le chirurgien, tout le monde criait à la fausse couche, le chirurgien Sicilien — — — — — — — dit: mais il n’y a rien, pas même d’un mois alors; les autres l’avouent aussi qu’on l’avait soupçonné, mais point dit pour ne pas lui faire de’ la peine, et ainsi finit la grossesse sans pertes ni rien, peu de’ jours à son ordinaire, et elle se porte à merveille. Je crois que, misérable on peut dire mourante comme elle était, la nature ne pouvait faire ses fonctions, actuellement qu’elle est remise tout a repris son cours naturel. Sa petite est gentille, mais très très délicate, je la vois mais ne me mêle en rien physique ni moralement, laissant à la mère l’entière direction.
Vous savez déjà que votre cher Père est parti le 3 de’ ce mois pour la Rade de’ Naples. Le 13 juin le Cardinal avec les Calabrais et tout ce qu’il a pu ramasser, quelques soldats matelots Russes, mais centaines, est entré à Naples, les Rebelles se sont défendu pas à pas, on a pris d’abord le Château du Carme, les autres ont été pendant plus de’ 8 jours, le Château Noeuf et l’Oeuf, assiégés, enfin ils ont capitulé. St. Elme a fait un siège d’un mois, des Russes Anglais, 2000 hommes de troupes à nous, enfin il l’a fallu bombarder, faire des approches, tout enfin. Pendant un mois cela a duré, entre temps les Calabrais, bons pour se battre, mais en désordre pillant ravageant tout, on a tant hurlé pleuré que l’âme de’ votre cher Père a été émue et il est allé à Naples, a passé deux jours à Procida et actuellement se retrouve à bord du Foudroyant, vaisseau de’ l’Amiral Nelson, mais j’espère à chaque moment le voir retourner et j’en compte les moments. L’acclamation fête joie démonstrations du Peuple en le revoyant sont incroyables et ne peuvent s’exprimer, tous les étrangers même ont fondu en larmes, il m’a beaucoup coûté de’ ne point l’accompagner, mais j’en ai compris la nécessité et devoir; mais depuis son départ mon corps est à Palerme, mais toutes mes pensées facultés sont à bord du Foudroyant. Il y a déjà plus de’ 4000 personnes arrêtées, les horreurs que la noblesse a commis est incroyable (595), et tous sont entre les plus ou moins coupables, Religieux Pagliette Étudiants Médecins, tous ceux qui ont été les plus beneficés, enfin c’est un événement qui rend malheureux pour la vie. Pour les pertes il ne faut pas même en parler, toutes les maisons jardins, pas un clou ni un arbre, jusqu’aux chaînes de’ fer pour lier les murs ont été emporté cassé volé, tous les établissements publics, toute la fameuse galerie de’ Capo di Monte emportée, toutes les statues tableaux pièces, muséum planche de’ l’Ercolanum, chevaux, établissements pécuniaires de’ mes Enfants, tout, c’était une fureur, une rage, plus encore de’ nos ingrat sujets que des Français qui souvent les corrigeaient et leur disaient: Êtez vous donc des tigres? Couper la tête aux statues du Roi, percer de’ coups nos portraits, mettre les pieds dessus, proférer toutes les horreurs, couper la tête avec un sabre en public à la statue du Roi d’Espagne, beau-père, homme estimé en Europe pour sa probité, mort tant de’ temps, imprimés, des volumes et volumes d’exécration, danse demi nue au pied de’ l’arbre qui (596) Mme Cassano Mme Popoli avec leurs filles quêtant pour la République, portant par les rues le terrain sur les épaules pour faire les batteries contre les tyrans, notre épithète; le vieux Torella, S Angela fesant les sbirres, attachant liant garrottant les soupçonnés Royalistes; Policastro écrivait ma vie et recherchait les dilapidations de’ l’Ex-Re, enfin des atrocités inouïes. Actuellement ils se disent tous innocents, demandent voir le Roi, et hors les généraux et gens pris dans les châteaux l’arme à la main et qui ne le peuvent nier, tout le reste nie et se dit bon; mais pour moi je les connais, et c’est pour la vie, ils ne m’attraperont plus. Je pourrais écrire un livre et ne dirais point la centième partie des horreurs dans toutes les classes commises; le peuple uniquement a été fidèle, aussi une 60 et plus ont été fusillé par l’infâme République comme Royalistes. Tout ceci me rend bien malheureuse: vivre toute notre vie sur une isle, séparée du Continent pendant plusieures semaines en hiver, n’avoir aucune nouvelle même à cause de’ la mer, cela est cruel, pensée de’ revoir les endroits gens qui nous ont si infâmement déchiré, la nature répugne de’ vivre au milieu d’eux; les affaires qui sont dans une dilapidation affreuse l’exigent enfin, cela me rend bien malheureuse. Capone et Gaëte résistent encore, le premier est assiégé en formes et je crois ne peut guères retarder, Gaëte est bombardé et viendra bientôt. Entre temps nous avons tous les châteaux forteresses à réédifier, l’armée à former et fournir de’ tout, artiglerie tentes fusils munitions tout à été donné aux Français, une marine à recréer, j’avoue les bras tombent, et d’avoir à faire avec des gens pareils! L’archevêque de’ Naples a commis des horreurs, les Chanoines Évêques Curés Religieux Noblesse, tout enfin, le seul peuple excepté, tout le reste a été horrible. Caracciolo a été pendu sur la Minervé, quelle horreur, Cet homme était dans nos chambrée, voyait nos larmes misère et douleurs à Palerme, admis dans notre interne! La Frendl (597) mariée, veuve de’ Filangieri, une enragée avec les fils et parents de’ son mari, enfin des horreurs dont je ne finirais jamais! Ainsi la situation future est terrible et je n’ose m’y fixer, si le devoir m’oblige à quitter la Sicile et aller à Naples aux 40 heures et dans ma chambre, porte et bourse fermée à tout le monde hors bas peuple auquel on peut faire le bien; mais point y vivre, et qu’il faut tenir en ordre respect, car se sentant leur audace et licence est devenu bien grande, c’est pourquoi l’envoi des Russes est un bien réel. Je suis infiniment obligée à votre cher mari de’ nous les procurer et nous les attendons avec une impatience sans égal, j’en seps la nécessité extréme, mais ne puis rien dire de’ plus positif du quoi et comment; car comme votre cher Père est depuis le 3 de’ ce mois à Naples (598) avec les Ministres, il ordonne expédie de’ là et je risquerais de’ ne pas bien dire. Nous sommes entre temps tristement à Palerme, avant fait tous les trideum et dévotions églises, et Palerme Sicile heureusement a encore de’ la Religion; le 15 on a chanté le Tedeum public pour la prise de’ St. Elme et le même jour étant arrivé un Officier Anglais avec les drapeaux que le Roi m’envoyait, les tricolors français ont été mis à la Cathédrale et dans une autre église, les tricolors rebelles des Napolitains ont été traînés dans la fange et brûlés dans un endroit populaire par la main du bourreau. En Sicile tout le monde est tranquille, sans un soldat canon ni radeau, tout étant à Naples; on attend, mais par sentiment avec une impatience infinie, le retour du Roi, on prépare fêtes feu illuminations pour montrer son attachement, je l’attends comme le Messie et ne regarde soupire que vers la mer. Car outre la consolation de’ le revoir, de’ le voir éloigné de’ tout dangers dont je tremble toujours, c’est d’être ensemble tous et de’ n’être plus avec la crainte de’ la famille maladie, du Royaume entier sans le moindre moyen de’ défense, enfin je prie Dieu qu’il revienne du plutôt, et à ce qu’il m’écrit Capone tombé, je l’espère. Pour moi je n’ai qu’un triste avenir; revenir à Naples, voir le monde, les lieux, tant d’endroits où on m’a déchiré, cette idée me tué; rester ici est dangereux, impossible pour le bien des affaires et du Continent tenir les relations. Ainsi ma position est peineuse, pourvu que je puisse établir mes Enfants, voilà tout ce que je désire, la tempête éprouvée me le faisant plus fortement souhaiter; un Gouverneur civile et militaire en Sicile auquel on pourrait faire un gros apanage serait une très-agréable situation pour un cadet à donner une fille à moi, le fils de Ferdinand une autre, et la 3me Dieu pourvoirait. Pour Léopold on tâchera de’ lui faire un riche apanage de’ biens de’ Naples et Sicile qui lui donnent une existence agréable et abondante, ceci forme l’objet de’ mes voeux; je ne dis pas à Léopold le gouvernement de’ la Sicile étant trop peiné et puis trop dangereux par ses droits et par l’amour qu’on lui porterait, ce qui n’est pas le même cas d’un cadet d’une autre maison. Enfin je me remets à Dieu, mais ne vis n’existe que dans le bonheur de’ mes Enfants. Je suis bien charmée de tout ce que d’avantageux vous me dites de’ Louise et de’ ses Enfants, elle est généralement très aimée des Toscans, qui méritent éloge s’étant très bien conduit, les Aretins surtout s’étant distingué. Avec quelle jouissance et bonheur j’aurais vu ces deux chères familles jouer ensemble, mais je ne suis pas née pour le bonheur. Adieu ma bien chère Enfant, remettez vous à la volonté de’ Dieu et par votre résignation faites vous un mérite d’un malheur où il n’y a pas de’ remède. Que Dieu vous conserve vos autres chers Enfants! Vous pouvez croire avec quelle impatience j’attends de’ vos nouvelles après ce malheur de’ savoir de’ votre chère santé. Je vous fais bien mes compliments pour les glorieux et prodigieux succès de’ vos armées, que Dieu les continue à bénir et que l’hvdre puisse être entièrement détruite. Adieu ma chère Enfant, conservez nous l’amitié de’ votre cher mari, pensez à moi, je vous embrasse bénis et suis pour la vie votre tendre mère et amie
le 29 juillet 1799.
CHARLOTTE.
Dans ce moment vient la nouvelle de’ la prise de’ Livourne, Dieu soit béni!
Je vous charge d’embrasser vos chers Enfants en mon nom.
(sopra un altro foglio)
Le 31 juillet.
Ma bien chère Enfant, le bâtiment à cause du temps n’étant point encore parti, je joins encore ces deux lignes. Capoue Gaëte ont capitulé, nous avons acquise une belle artiglerie française, le Royaume de’ Naples
est délivré des Français — Livourne est pris, la Toscane délivrée.— Les deux flottes Galli Spen (599) se sont querellé et entré à Cadix où Keith les va blocquer: voilà toutes de’ bonnes nouvelles, on a chanté un public tedeum, tout le monde. Dilez, je vous prie, ces bonnes nouvelles à votre cher mari, à la bonne Louise, dans peu de’ jours j’espère de revoir votre cher Père. Adieu ma chère Enfant, comptez sur l’éternelle tendresse de’ votre bien attachée Mère et amie
CHARLOTTE.
40
Rada di Napoli 3 Agosto 1799.
Caro Francesco. Sono debbitore di più repliche alle Vostre lettere. Le combinazioni e difficoltà continuate per il passaggio dei corrieri mi hanno trattenuto dal rispondere alle Vostre dei 18 Aprile, 17 Maggio e 2 Luglio; le prime due mi giunsero molto attrassate. Potete figurarvi la mia consolazione per il felice parto di Vostra Moglie, e per tutto quanto puoi recarvi piacere e soddisfazione. Lo stesso sentimento mi ha fatto prender giusta parte all’afflizione recatavi dalla perdita della Vostra Figlia Carolina. Lo stato in cui mi dite che fu trovata può servirvi, se pure in questi casi è ammissibile, di motivo di diminuire la pena per tale per sempre dolorosa perdita, potendo esser sicuro del tenero e costante interesse che costantemente mi muoverà per tutto ciò che concerne Voi e la cara Vostra Famiglia.
Il successo delle Vostre armi ha da per tutto portato, grazie alla Provvidenza, la general influenza in favore della buona causa. Né ho goduto anche io da parte mia, e profittando delle circostanze ho fatto attaccar Napoli, ed indi mi sono portato per mare con altre forze per coadjuvare alle operazioni, avendo voluto i Francesi e ribelli resistere nei Castelli e Piazze. Reso però St. Elmo dopo alcuni giorni di assedio, indi Capua, vengo di ottener lo stesso di Gaeta; ed imbarcato il residuo di 6 mila e centinaja di Francesi che tuttavia si erano qui fortificati nell’idea di permanervi ostinatamente, mi trovo il Regno intieramente libbero. Ho fatto marciare alcune Truppe nello Stato Romano ove hanno promosso l’insurgenze, mi accingo ad ultimarvi ciocché manca ancora al ristabilimento dell’ordine, per scacciare dal Castel St Angelo, da Civitavecchia e da Ancona i Francesi che ci restano, con alcuni pochi nel Perugino. Vi farò partecipare, Caro Genero, ciocché puoi ulteriormente concernervi, affrettando io intanto il ritorno del buon ordine in questo Regno e Capitale, per esser indi utile alla Causa Generale a cui è legata la mia come quella di ogni altro Governo. Godo sentirvi in buona salute e spero il soggiorno di Baden voglia esservi proficuo. Grazie a Dio, tanto io qui che la mia Famiglia in Palermo stiamo bene. Conservatevi, continuatemi la Vostra stima ed amicizia, e gradite i miei voti per i Vostri particolari successi, come il costante attaccamento, col quale teneramente abbracciandovi sono il Vostro Affezionatissimo Suocero
FERDINANDO B.
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Mon bien cher fils et neveu, j’ai été pendant près de’ 40 jours séparéé du cours des affaires, courriers, et ai par là point pu profiter de’ vous écrire, je le fais actuellement par le courrier qui va partir, ne le pouvant faire qu’imparfaitement, mon cœur avant tant de’ choses à vous dire et l’état de’ ma santà et nerfs s’opposant à un long travail. J’ai été longtemps assez bien à Palerme vus égards les nerfs; mais actuellement ma tête est si en mauvais état que je suis incapable de’ la moindre application, et cela me rend bien triste. Pardon que je vous importune de’ ces détails, mais c’est pour vous expliquer ma brièveté et mon peu d’ensemble quand mon cœur aurait tant à vous dire. J’ai prise la part la plus vive et sensible à la perte que vous avez faite de’ votre chère fille; qui est mère apprécie les douleurs, j’en ai encore faite l’expérience sur le vaisseau perdant un petit garçon charmant, mais j’étais alors si horriblement malheureuse que j’aurais désiré que les ondes nous eussent tous engloutis. Je bénis Dieu que vos santés soient bonnes, et vous fais mon bien sincère compliment pour les brillants succès de vos armées qui en peu de’ mois ont balayé l’Italie, et en attirant toutes les forces ennemis à se défendre, ont facilité aux fidèles sujets du Roi à lui reconquérir son Royaume contre la classe nombreuse de’ ses rebelles sujets. Le Roi en est grâce à Dieu le maître; mais les désordres confusions bruits sont continuels, ce sont partis contre partis, on est bien éloigné d’avoir de’ la tranquillité et je crois que nous ne l’aurons jamais plus de’ notre vie; cela rend bien triste des cœurs comme les nôtres. Les Russes, si souvent promis, dernièrement encore par vous annoncés, ne se retrouvent point à Ferrare où on les ‘nous annonçait et nous ignorons où ils se retrouvent; ils seraient pourtant si nécessaires pour remettre la tranquillité et contribuer au bien général. Avec nos gens on forme en toute hâte notre armée de troupes régulières qui, comme voue savez, a été entièrement dissoute: le peuple est fidèle et très attaché, les autres classes le sont moins, tout ce qui tient aux coupables est mauvais. Nous avons 8[m arrêtés, prouvés enragés Jacobins, et plus que tant libres en ville; la corruption a été incroyable et duré depuis longtemps, on fait f impossible pour vite remettre Tordre et la tranquillité, mais la secousse a été violente. Toute ma chère famille se porte bien, votre sœur est engraissée, bonne couleur, la bonté même, mais point enceinte; dans tous mes malheurs peines et douleurs qui m’ont tué et pour la vie ruiné, l’union en famille lait mon unique consolation; elle est grâce à Dieu parfaite et amicale entre nous tous. Je désirerais bien vous pouvoir présenter mes chères Enfants et embrasèer les vôtres qu’on me dit bien aimables. Nous vivons ici très entre nous par goût; les Siciliens ont donnés des fêtes superbes et en tout genre, feu d’artifice illumination bal souper cantade pomenades publiques mariages processions, enfin de’ toute espèce, très beau et en grand ordre, les particuliers se piquent à qui peut faire de’ plus pour montrer leur dévouement et fidélité; mais j’avoue, mon âme est trop affectée et je devrais, pour vivre quelques années encore mieux, être quelque mois sans rien voir entendre ni apprendre, ce qui est impossible étant sur les lieux mêmes, Adieu mon bien cher fils, puisse le Ciel bénir couronner vos succès, puissiez vous par là obtenir une stable tranquillité à l’Europe, enfin puissiez vous être heureux, être vers nous fils neveu allié et ainsi sincère et attaché, et croyez moi pour la vie votre attachée et reconnaissante Belle-Mère Tante Amie et Servante
Le 30 août 1799.
CHARLOTTE.
fonte
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